La chorégraphie du vivant
À l’origine, il y a les vignes, les vignerons et tous ceux qui y travaillent. Ce sont eux qui inspirent, depuis plus d’un an, Vinum Fabulas, ces « histoires de vin » qui, au fil du temps, ont pris des allures d’épopée. Parce que ce projet photographique se déroule à la fois sur une durée exceptionnelle et dans deux domaines viticoles très particuliers, animés par des valeurs puissantes : chez Alain Graillot, au nord de Valence, dans l’aire d’appellation crozes-hermitage, et chez Louis-Claude Desvignes, à Villié-Morgon, dans le Beaujolais.
Ici, sur ces domaines à l’identité très forte, tant par leurs terroirs que par les femmes et les hommes qui y vivent, on ne fait pas comme tout le monde. On ne traite pas, on ne laboure pas, on respecte le cycle de la nature. Ici, il n’y a pas d’exploitation agricole. On ne contraint pas la nature, pour ne pas la détruire. On vit avec elle. Ici, on n’exploite pas la terre, on lui fait confiance. Ici, l’humain et la vigne ont la même valeur, alors tout est à taille humaine. Ici, c’est l’excellence qu’on cultive.
Depuis un an, j’accompagne ces vignerons dans leurs côteaux, au fil des saisons et des événements qui rythment la vie de la vigne. Avec eux, je traverse les parcelles, je pénètre dans les chais, pour documenter l’activité si particulière de leurs domaines.
En faisant un pas de côté, je capte les instants d’un cycle qu’on n’interrompt pas, d’un mouvement perpétuel qui rassemble des femmes, des hommes, des animaux, la terre, la vigne… Comme dans un ballet en plusieurs actes, l’humain et la nature doivent s’accorder tout au long de leur histoire pour aboutir à l’harmonie. Sans que je ne dirige le mouvement, et sans que je ne mette rien en scène, la chorégraphie du vivant se dévoile dans toute sa beauté et sa singularité.